Quelques mots de trombonistes…

A propos de la carrière d’un tromboniste…

Daniel Breszynski

“La période actuelle est faste pour les trombonistes car il y a beaucoup de concours d’orchestre; les élèves sortant du CNSM ont aussi envie d’enseigner. En France il est très difficile de mener une carrière exclusive de concertiste international. Ce n’est toutefois pas impossible. Il faut avoir de grandes qualités trombonistiques mais aussi un agent efficace! Je n’en connais malheureusement pas qui s’intéresse aujourd’hui sérieusement au trombone, ce n’est sans doute pas assez lucratif…”
“Les principales qualités d’un trombone solo (dans un orchestre), en dehors des qualités techniques, sont la confiance en soi, la volonté d’approcher le plus possible la perfection chaque jour, la capacité d’analyser rapidement les problèmes, le tempérament, la disponibilité et l’écoute (humaine et musicale) vis-à-vis du pupitre, et enfin…la bonne humeur!”
“Mes objectifs de carrière sont de trouver de nouveaux moyens d’intéresser un large public vers un répertoire nouveau si possible, puis, toujours, de progresser et d’apprendre…”

Jean Raffard

“Je ne connais pas de tromboniste au chômage bien que certains puissent être en attente d’une situation plus stable, notamment dans l’enseignement, à cause des hésitations du ministère concernant les titularisations des postes de professeurs…”
“Il n’est possible d’être concertiste à part entière qu’à condition de se consacrer une grande partie de son temps à la rencontre de compositeurs.”
“Pour réussir à un poste de supersoliste, il faut incontestablement posséder la musicalité, mais aussi des qualités humaines et organisationnelles pour gérer un pupitre. Cela comprend le travail en pupitre quand l’œuvre est délicate, le partage de la programmation pour ne pas créer de sentiment d’injustice pour certains, et la gestion des personnalités.”
“A travers mon enseignement, je mets l’accent sur la qualité de son, la recherche d’un phrasé musical, le développement de la personnalité musicale de l’élève et le respect du texte.”

Michel Becquet

“Aux CNSMDs, nous essayons de bien former les élèves, de faire en sorte qu’ils s’ouvrent à d’autres musiques, et qu’ils ne se consacrent pas uniquement à leur instrument. L’idée a été longtemps de former des solistes, et moins des musiciens d’orchestre. Aujourd’hui, cet état d’esprit a changé.”
Gilles Milliére
“L’avenir des trombonistes passera par les métiers de musicien d’orchestre, de professeur, ou encore de free lance. Aujourd’hui, l’information amène d’avantage les étudiants à s’interroger sur les perspectives d’avenir. Le problème est que la médiatisation sur les sujets qui les concernent ne leur laisse pas toujours la possibilité de se faire une opinion personnelle et objective. Parmi ces sujets, on peut citer la notion de “réussite d’une carrière”, la bonne ou mauvaise réputation d’un orchestre, ou d’un musicien…”
“La révolution ne s’est pas encore faite pour la programmation du trombone soliste sur scène comme elle a eu lieu pour un certain nombre d’instruments à vents!”
“On ne peut comparer le trombone au violon, au piano, ou au chant, qui sont des domaines où le vaste répertoire engendre nécessairement des “écoles”.”
“La difficulté pour un interprète est de posséder au mieux les acquis fondamentaux (technique et solfège), la connaissance du texte (analyse et esthétique) et la maitrise de l’instrument (technique). Dès lors, l’interprète doit rechercher l’équilibre entre ces trois critères.”

Jacques Mauger

“Je conseille aux jeunes trombonistes de bien réfléchir à la direction de leur carrière, puis de la préparer longtemps à l’avance. Il ne faut pas essayer de faire la même chose que ce que d’autres ont fait, mais chercher un programme nouveau. Surtout, il faut bien penser à entretenir son potentiel physique, et ne pas oublier que la forme constitue 30% du résultat: les décalages horaires et les heures d’avion, ainsi que les programmes différents qui s’enchainent, sont partie intégrante d’une carrière. Il faut en tenir compte.”
“J’estime qu’avec un instrument comme le trombone, un concertiste ne doit pas s’enfermer dans un seul mode d’expression, comme par exemple ne jouer que des concertos avec orchestre. Il ne faut pas hésiter à se faire accompagner pas d’autres formations comme des ensembles de cuivres, des harmonies, des brass bands…”

Joël Vaïsse

“Les qualités d’un supersoliste (d’orchestre) doivent passer par l’acquis technique, mais aussi pas une certaine forme d’insouciance qui permet d’aborder les grosses difficultés de certaines partitions avec la nécessaire décontraction. Il faut également entrainer le pupitre avec soi, savoir faire preuve d’initiative et être capable de prendre des décisions pour l’ensemble en quelques secondes. C’est une question de tempérament. On peut être un superbe musicien, mais le fait d’être supersoliste est en soi, ou pas. On le ressent très vite. Ce doit être une forme de plaisir. On peut travailler ce trait de caractère si on a la chance d’entrer jeune dans un orchestre, en essayant tout de suite de trouver le plaisir de faire des concerts, d’être avec les collègues, en première ligne. Il ne faut pas trop se poser de questions et prendre les choses comme elles viennent.”
Jérôme Naulais
“On ne peut plus enseigner avec les méthodes du début du siècle… Pour un amateur, il est plus facile d’aborder un répertoire en harmonie qu’en symphonique. Il faut adapter la musique au public que l’on vise, sans démagogie, mais surtout ne pas se couper de ses aspirations, tout en lui proposant le grand répertoire…”

Extraits de “La Lettre du Musicien”