Le trombone dans le jazz

Les années 1900 furent pour les trombonistes une source immense d’inspiration. La musique populaire y évolue en effet presque aussi rapidement que les saisons, et le tromboniste redevenu musicien professionnel, travaillant au cachet, s’engouffre dans toutes les aventures musicales qui apparaissent. On dit que le glissando viendrait de l’époque où les trombonistes assis sur les camionnettes accompagnant les parades aux Etats-Unis, remontaient la coulisse en jouant pour éviter les piliers de ponts…Ceci paraît futile, mais une chose est certaine, c’est que la technique trombonistique doit beaucoup au jazz et aux jazzmen.
Kid ORY se lance à la Nouvelle Orléans vers 1900 dans les premiers chorus de trombone grâce à la technique savonneuse qui consistait à chercher les bonnes notes par le glissando. Plus sérieusement, il est le 1er à créer et jouer les sourdines : la bouteille pour le son bouché et la ventouse pour l’effet wha-wha.
Plus vers 1930, Jack TEAGARDEN (1905.1965) s’inspire des solos de L.ARMSTRONG pour donner au trombone une sonorité plus ronde, moins militaire, avec un vibrato et une dextérité de coulisse depuis longtemps oubliée. Il est le précurseur de la technique « plein air » qui rapproche le trombone de la tradition vocale.

Vers 1950 avec le « bop » et le « hard bop », des trombonistes tels Kai WINDING, JJ JOHNSON, ou « Slide » HAMPTON tentent de passer outre les limites de vitesse fixées par la coulisse. Ils travaillent sur la vélocité harmonique et sur les jeux rythmiques pour copier le phrasé du sax et ainsi figurer dignement aux côtés de Charlie PARKER dans les Jam Sessions (certains tentent aussi d’associer un piston au jeu de coulisse, mais renoncent vite face à la difficulté d’utilisation !). En France aussi dans les années 20, des trombonistes d’orchestres classiques s’essaient à la variété et au jazz et ce cumul de divers genres musicaux inspire certains compositeurs. Ainsi, nombres de partitions sont écrites au regard du jazz. L’exemple le plus connu est celui du Boléro de RAVEL dans lequel le solo de trombone est pensé d’après et pour le style de Léo VAUGHANT (des aigus très larges, faciles et flottants…) ; BERNSTEIN aussi s’inspire du jazz dans toute son œuvre et notamment dans la pièce pour trombone seul et pulsation du pied : Elegy for Mippy 2 ).

Le jazz ne cesse d’innover. Du développement de la respiration continue (Jimmy CLEVELAND vers 1960 ) au mélange des sonorités du violoncelle et du trombone (Glenn FERRIS-1995 ), le tromboniste explore les profondeurs du néoclassicisme moderne (Bill WATROUS et la multiphonie –voix et vibrations amplifiées dans le trombone.1980 ; Albert MANGELSDORFF et les chorus harmoniquement libres.1980 ).

Quelques musiciens

Kid Ory (1886-1973)
Glenn Miller (1904-1944)
Tommy Dorsey (1905-1956)
Jay Jay Johnson (1924-2001)
Frank Rosolino (1926-1978)
Urbie Green (1926)
Carl Fontana (1928-2003)
Bob Brookmeyer (1929-2011)
Bill Watrous (1939-2018)
Dave Taylor (1944)
Steve Turre (1948)
Ray Anderson (1952)
Douglas Purviance (1952)
Nils Landgren (1956)
Yves Robert (1958)
Denis Leloup (1962)
Robinson Khoury (1995)

Quelques extraits audio

  • Tommy Dorsey : “I’m getting sentimental over you”


extrait du cd “trombone” (gitanes jazz productions) ref 731451 54982

  • Jay Jay Jonhson : “El camino real”


extrait du cd “The Brass Orchestra” (verve) ref 731453 73212

  • Urbie Green : “It must be True”


extrait du cd “Let’s face the music and dance” (RCA) ref 743214 33922

  • Bill Watrous : “Village dance “


extrait du cd “Space Available” (double-time records) ref 711527 0124-2

  • Steve Turre : “Chairman of the board”


extrait du cd “Lotus Flower” (verve) ref 731455 97872

  • Denis Leloup : “Smile”


extrait du cd “Cuivres 4 invite Denis Leloup” (production cuivres 4) ref C 401